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— Ta figure est toute mouillée. Essuie-toi donc.

Alors elle se retourna et poussa un cri.

D’une seconde à l’autre elle changea d’attitude et, sans prendre la peine de s’expliquer ma présence nocturne :

— Mais mon pauvre chéri, tu vas prendre mal ! Déshabille-toi vite.

Elle courut ranimer le feu dans le salon. À son retour dans la chambre, comme je ne bougeais pas, elle dit :

— Veux-tu que je t’aide ?

Moi qui redoutais par-dessus tout le moment où je devrais me déshabiller et qui en envisageais le ridicule, je bénissais la pluie grâce à quoi ce déshabillage prenait un sens maternel. Mais Marthe repartait, revenait, repartait dans la cuisine, pour voir si l’eau de mon grog était chaude. Enfin elle me trouva nu sur le lit, me cachant à moitié sous l’édredon. Elle me gronda : c’était fou de rester nu ; il fallait me frictionner à l’eau de Cologne.