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contre le porte-parapluies. Je craignais de prendre les sonnettes pour des commutateurs. J’allai à tâtons jusqu’à la chambre. Je m’arrêtai avec, encore, l’envie de fuir. Peut-être Marthe ne me pardonnerait jamais. Ou bien si j’allais tout à coup apprendre qu’elle me trompe, et la trouver avec un homme !

J’ouvris. Je murmurai :

— Marthe ?

Elle répondit :

— Plutôt que de me faire une peur pareille, tu aurais bien pu ne venir que demain matin. Tu as donc ta permission huit jours plus tôt ?

Elle me prenait pour Jacques !

Or, si je voyais de quelle façon elle l’eût accueilli, j’apprenais du même coup qu’elle me cachait déjà quelque chose. Jacques devait donc venir dans huit jours !

J’allumai. Elle restait tournée contre le mur. Il était simple de dire : « C’est moi » et pourtant je ne le disais pas. Je l’embrassai dans le cou.