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et je la tenais par la taille. Elle ne disait plus qu’il ne fallait pas nous revoir ; au contraire elle était triste à la pensée que nous allions nous quitter dans quelques instants. Elle me faisait lui jurer mille folies.

Devant la maison de mes parents, je ne voulus pas laisser Marthe repartir seule, et l’accompagnai jusque chez elle. Sans doute ces enfantillages n’eussent-ils jamais pris fin, car elle voulait m’accompagner encore. J’acceptai, à condition qu’elle me laisserait à moitié route.

J’arrivai une demi-heure en retard pour le dîner. C’était la première fois. Je mis ce retard sur le compte du train. Mon père fit semblant de le croire.


Plus rien ne me pesait. Dans la rue, je marchais aussi légèrement que dans mes rêves.

Jusqu’ici tout ce que j’avais convoité, enfant, il en avait fallu faire mon deuil. D’autre part, la reconnaissance me gâ-