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dis : « Je ne m’en irai pas. Vous vous êtes moquée de moi. Je ne veux plus vous voir. »

Car si je ne voulais pas rentrer chez mes parents, je ne voulais pas non plus revoir Marthe. Je l’aurais plutôt chassée de chez elle !

Mais elle sanglotait : « Tu es un enfant. Tu ne comprends donc pas que si je te demande de t’en aller, c’est que je t’aime. »

Haineusement, je lui dis que je comprenais fort bien qu’elle avait des devoirs et que son mari était à la guerre.

Elle secouait la tête : « Avant toi, j’étais heureuse, je croyais aimer mon fiancé. Je lui pardonnais de ne pas bien me comprendre. C’est toi qui m’as montré que je ne l’aimais pas. Mon devoir n’est pas celui que tu penses. Ce n’est pas de ne pas mentir à mon mari, mais de ne pas te mentir. Va-t’en et ne me crois pas méchante ; bientôt tu m’auras oubliée. Mais je ne