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beau que dans cette lumière sauvage. À ne pas se répandre dans la pièce, cette lumière gardait toute sa force. Dès qu’on s’en éloignait, il faisait nuit, et on se cognait aux meubles.


Marthe ignorait ce que c’est que d’être mutine. Dans son enjouement elle restait grave.


Mon esprit s’engourdissait peu à peu auprès d’elle, je la trouvai différente. C’est que, maintenant que j’étais sûr de ne plus l’aimer, je commençais à l’aimer. Je me sentais incapable de calculs, de machinations, de tout ce dont, jusqu’alors, et encore à ce moment-là, je croyais que l’amour ne peut se passer. Tout à coup, je me sentais meilleur. Ce brusque changement aurait ouvert les yeux de tout autre : je ne vis pas que j’étais amoureux de Marthe. Au contraire, j’y vis la preuve que mon amour était mort, et qu’une