Page:Radiguet - Le Diable au corps, Grasset, 1923.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Je ne comprends rien à votre silence. Pourquoi ne venez-vous pas me voir ? Sans doute avez-vous oublié que vous avez choisi mes meubles ?… »

Marthe habitait J… ; sa rue descendait jusqu’à la Marne. Chaque trottoir réunissait au plus une douzaine de villas. Je m’étonnai que la sienne fût si grande. En réalité, Marthe habitait seulement le haut, les propriétaires et un vieux ménage se partageant le bas.

Quand j’arrivai pour goûter, il faisait déjà nuit. Seule une fenêtre, à défaut d’une présence humaine, révélait celle du feu. À voir cette fenêtre illuminée par des flammes inégales, comme des vagues, je crus à un commencement d’incendie. La porte de fer du jardin était entr’ouverte. Je m’étonnai d’une semblable négligence. Je cherchai la sonnette : je ne la trouvai point. Enfin, gravissant les trois marches du perron, je me décidai à frapper contre les vitres du rez-de-chaussée de droite,