Page:Radiguet - Le Diable au corps, Grasset, 1923.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.

-vous. À force de penser à Marthe, j’y pensai de moins en moins. Mon esprit agissait, comme nos yeux agissent avec le papier des murs de notre chambre. À force de le voir, ils ne le voient plus.


Chose incroyable ! J’avais même pris goût au travail. Je n’avais pas menti comme je le craignais.

Lorsque quelque chose, venu de l’extérieur, m’obligeait à penser moins paresseusement à Marthe, j’y pensais sans amour, avec la mélancolie que l’on éprouve pour ce qui aurait pu être. « Bah ! me disais-je, c’eût été trop beau. On ne peut à la fois choisir le lit et coucher dedans. »