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dans le choix de ses autres meubles. Je le lui promis, mais à condition qu’elle me jurât de ne jamais le dire à son fiancé, puisque la seule raison qui pût à la longue lui faire admettre ces meubles, s’il avait de l’amour pour Marthe, c’était de penser que tout sortait d’elle, de son bon plaisir, qui deviendrait le leur.

Quand je rentrai à la maison, je crus lire dans le regard de mon père qu’il avait déjà appris mon escapade. Naturellement il ne savait rien ; comment eût-il pu le savoir ?

« Bah ! Jacques s’habituera bien à cette chambre », avait dit Marthe. En me couchant, je me répétai que, si elle songeait à son mariage avant de dormir, elle devait, ce soir, l’envisager de tout autre sorte qu’elle ne l’avait fait les jours précédents. Pour moi, quelle que fût l’issue de cette idylle, j’étais, d’avance, bien vengé de son Jacques : je pensais à la nuit de noces