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donnât pour elle tous ses devoirs, fussent-ils des devoirs de classe. Mais, voyant que je restais sur ma chaise de fer, elle n’eut pas le courage de me rappeler que j’aurais dû être assis sur les bancs de Henri IV.

Nous restions immobiles. Ainsi doit être le bonheur. Un chien sauta du bassin et se secoua. Marthe se leva, comme quelqu’un qui, après la sieste, et le visage encore enduit de sommeil, secoue ses rêves. Elle faisait avec ses bras des mouvements de gymnastique. J’en augurai mal pour notre entente.

— Ces chaises sont trop dures, me dit-elle, comme pour s’excuser d’être debout.

Elle portait une robe de foulard, chiffonnée depuis qu’elle s’était assise. Je ne pus m’empêcher d’imaginer les dessins que le cannage imprime sur la peau.

— Allons, accompagnez-moi dans les magasins, puisque vous êtes décidé à ne pas aller en classe, dit Marthe,