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de son mari ; son inélégance, sa taille courte, firent qu’elle me déplut au premier coup d’œil.

Au cours de cette promenade, je devais remarquer qu’elle fronçait souvent les sourcils, ce qui couvrait son front de rides auxquelles il fallait une minute pour disparaître. Afin qu’elle eût tous les motifs de me déplaire, sans que je me reprochasse d’être injuste, je souhaitais qu’elle employât des façons de parler assez communes. Sur ce point, elle me déçut.

Le père, lui, avait l’air d’un brave homme, ancien sous-officier, adoré de ses soldats. Mais où était Marthe ? Je tremblais à la perspective d’une promenade sans autre compagnie que celle de ses parents. Elle devait venir par le prochain train, « dans un quart d’heure, expliqua Mme Grangier, n’ayant pu être prête à temps. Son frère arriverait avec elle ».

Quand le train entra en gare, Marthe était debout sur le marchepied du wagon.