Page:Radiguet - Le Diable au corps, Grasset, 1923.djvu/231

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tamment sous les yeux que nous reconnaissons avec le plus de difficulté, si on le change un peu de place. Dans le neveu du petit Grangier, je ne reconnus pas tout de suite l’enfant de Marthe, – mon enfant.


L’affolement que dans un lieu public produit un court-circuit, j’en fus le théâtre. Tout à coup il faisait noir en moi. Dans cette nuit, mes sentiments se bousculaient ; je me cherchais, je cherchais à tâtons des dates, des précisions. Je comptais sur mes doigts comme je l’avais vu faire quelquefois à Marthe, sans alors la soupçonner de trahison. Cet exercice ne servait d’ailleurs à rien. Je ne savais plus compter. Qu’était-ce que cet enfant que nous attendions pour mars, et qui naissait en janvier ? Toutes les explications que je cherchais à cette anormalité, c’est ma jalousie qui les fournissait. Tout de suite, ma certitude fut faite. Cet enfant