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le docteur, se compromettre aux yeux de ce vieil ami de sa famille. J’avais un tel besoin d’être rassuré que le refus de Marthe m’ôta mes inquiétudes. Elles ressuscitèrent, et plus fortes que tout à l’heure, quand, lorsque je partis pour dîner chez mes parents, Marthe me demanda si je pouvais faire un détour, et déposer une lettre chez le docteur.

Le lendemain, en arrivant à la maison de Marthe, je croisai celui-ci dans l’escalier. Je n’osai pas l’interroger, et le regardai anxieusement. Son air calme me fit du bien : ce n’était qu’une attitude professionnelle.

J’entrai chez Marthe. Où était-elle ? La chambre était vide. Marthe pleurait, la tête cachée sous les couvertures. Le médecin la condamnait à garder la chambre, jusqu’à la délivrance. De plus, son état exigeait des soins ; il fallait qu’elle demeurât chez ses parents. On nous séparait.