Page:Radiguet - Le Diable au corps, Grasset, 1923.djvu/211

Cette page a été validée par deux contributeurs.

core une nuit avec elle. Elle essaya tout pour me détourner de cette décision : caresses, menaces. Elle sut même feindre à son tour. Elle finit par déclarer que, si je ne rentrais pas chez mes parents elle coucherait chez les siens.

Je répondis que mon père ne lui tiendrait aucun compte de ce beau geste. – Eh bien ! elle n’irait pas chez sa mère. Elle irait au bord de la Marne. Elle prendrait froid, puis mourrait ; elle serait enfin délivrée de moi : « Aie au moins pitié de notre enfant, disait Marthe. Ne compromets pas son existence à plaisir. » Elle m’accusait de m’amuser de son amour, d’en vouloir connaître les limites. En face d’une telle insistance, je lui répétais les propos de mon père : elle me trompait avec n’importe qui ; je ne serais pas dupe. « Une seule raison, lui dis-je, t’empêche de céder. Tu reçois ce soir un de tes amants. » Que répondre à d’aussi folles