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mer. Cette sœur prédisait le plus sombre avenir au ménage, disant que Marthe tromperait Jacques si par hasard ce n’était déjà chose faite.

L’acharnement de son épouse et de sa fille forçait parfois à sortir de table M. Lacombe, brave homme qui aimait Marthe. Alors, mère et fille échangeaient un regard significatif. Celui de Mme Lacombe exprimait : « Tu vois, ma petite, comment ces sortes de femmes savent ensorceler nos hommes. » Celui de Mlle Lacombe : « C’est parce que je ne suis pas une Marthe que je ne trouve pas à me marier. » En réalité, la malheureuse, sous prétexte «  qu’autre temps autres mœurs » et que le mariage ne se concluait plus à l’ancienne mode, faisait fuir les maris en ne se montrant pas assez rebelle. Ses espoirs de mariage duraient ce que dure une saison balnéaire. Les jeunes gens promettaient de venir, sitôt à Paris, demander la main de Mlle La-