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pour qu’elle lui en sût gré. Afin de prouver à sa fille qu’elle savait tout, elle la harcelait sans cesse, parlait par sous-entendus, et si maladroitement que M. Grangier, seul avec sa femme, la priait de ménager leur pauvre petite, innocente, à qui ces continuelles suppositions finiraient par tourner la tête. À quoi Mme Grangier répondait quelquefois par un simple sourire, de façon à lui laisser entendre que leur fille avait avoué.

Cette attitude, et son attitude précédente, lors du premier séjour de Jacques, m’incitent à croire que Mme Grangier, eût-elle désapprouvé complètement sa fille, pour l’unique satisfaction de donner tort à son mari et à son gendre, lui aurait, devant eux, donné raison. Au fond, Mme Grangier admirait Marthe de tromper son mari, ce qu’elle-même n’avait jamais osé faire, soit par scrupules, soit par manque d’occasion. Sa fille la vengeait d’avoir