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et poursuivrait Mme L. pour détournement de mineur.

Marthe sauvegardait les apparences, prenait un air surpris, disait à la femme de chambre qu’elle me remettrait l’enveloppe à ma première visite. Je rentrais un peu plus tard, maudissant mon âge. Il m’empêchait de m’appartenir. Mon père n’ouvrait pas la bouche, ni ma mère. Je fouillais le Code sans trouver les articles de loi concernant les mineurs. Avec une remarquable inconscience, je ne croyais pas que ma conduite me pût mener en maison de correction. Enfin, après avoir épuisé vainement le Code, j’en revins au Grand Larousse, où je relus dix fois l’article : « mineur », sans découvrir rien qui nous concernât.

Le lendemain, mon père me laissait libre encore.

Pour ceux qui rechercheraient les mobiles de son étrange conduite, je les résume en trois lignes : il me laissait agir à ma guise. Puis il en avait honte.