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Il s’accablait à son tour. Une atmosphère tragique circulait dans la maison. Quel exemple pour mes deux frères ! Mon père prévoyait déjà ne rien pouvoir leur répondre un jour, lorsqu’ils justifieraient leur indiscipline par la mienne.

Jusqu’alors, il croyait à une amourette, mais, de nouveau, ma mère surprit une correspondance. Elle lui porta triomphalement ces pièces de son procès. Marthe parlait de notre avenir et de notre enfant !

Ma mère me considérait trop encore comme un bébé, pour me devoir raisonnablement un petit-fils ou une petite-fille. Il lui apparaissait impossible d’être grand’mère à son âge. Au fond, c’était pour elle la meilleure preuve que cet enfant n’était pas le mien.

L’honnêteté peut rejoindre les sentiments les plus vils. Ma mère, avec sa profonde honnêteté, ne pouvait admettre qu’une femme trompât son mari.