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Je me reconnaissais bien là. L’envie de jouir pendant deux mois des roses me faisait oublier les dix autres mois, et le fait de choisir Mandres m’apportait encore une preuve de la nature éphémère de notre amour.


Souvent ne dînant pas à F… sous prétexte de promenades ou d’invitations, je restais avec Marthe.

Un après-midi je trouvai auprès d’elle un jeune homme en uniforme d’aviateur. C’était son cousin. Marthe, que je ne tutoyais pas, se leva et vint m’embrasser dans le cou. Son cousin sourit de ma gêne. « Devant Paul, rien à craindre, mon chéri, dit-elle. Je lui ai tout raconté. » J’étais gêné mais enchanté que Marthe eût avoué à son cousin qu’elle m’aimait. Ce garçon, charmant et superficiel, et qui ne songeait qu’à ce que son uniforme ne fût pas réglementaire, parut ravi de cet amour. Il y voyait une bonne farce