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tement pour nous à Paris. Ses yeux se mouillèrent, quand je lui déclarai que je désirais vivre à la campagne : « Je n’aurais jamais osé te l’offrir, me dit-elle. Je croyais que tu t’ennuierais, seul avec moi, que tu avais besoin de la ville. » « Comme tu me connais mal », répondais-je. J’aurais voulu habiter près de Mandres, où nous étions allés nous promener un jour, et où on cultive les roses. Depuis, quand par hasard, ayant dîné à Paris avec Marthe, nous reprenions le dernier train, j’avais respiré ces roses. Dans la cour de la gare, les manœuvres déchargent d’immenses caisses qui embaument. J’avais, toute mon enfance, entendu parler de ce mystérieux train des roses qui passe à une heure où les enfants dorment.

Marthe disait : « Les roses n’ont qu’une saison. Après, ne crains-tu pas de trouver Mandres laide ? N’est-il pas sage de choisir un lieu moins beau, mais d’un charme plus égal ? »