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chez elle, avec sa plus intime compagne.


Cette alerte me fît maudire l’amour qui nous force à rendre compte de nos actes, alors que j’eusse tant aimé n’en jamais rendre compte, à moi pas plus qu’aux autres.

Il faut pourtant, me disais-je, que l’amour offre de grands avantages puisque tous les hommes remettent leur liberté entre ses mains. Je souhaitais d’être vite assez fort pour me passer d’amour et, ainsi, n’avoir à sacrifier aucun de mes désirs. J’ignorais que servitude pour servitude, il vaut encore mieux être asservi par son cœur que l’esclave de ses sens.


Comme l’abeille butine et enrichit la ruche, — de tous ses désirs qui le prennent dans la rue, un amoureux enrichit son amour. Il en fait bénéficier sa maîtresse. Je n’avais pas encore découvert