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venance, en devoir menacer Marthe. Trace indélébile de l’âge et du collège : je croyais certains mensonges commandés par le code passionnel.

Une besogne neuve, dans mon apprentissage de l’amour, se présentait : m’innocenter vis-à-vis de Marthe, et l’accuser d’avoir moins de confiance en moi qu’en son propriétaire. Je lui expliquai combien habile était cette manœuvre de la coterie Marin. En effet, Svéa était venue la voir un jour où j’écrivais chez elle, et si j’avais ouvert c’est parce que, ayant aperçu la jeune fille par la fenêtre, et sachant qu’on l’éloignait de Marthe, je ne voulais pas lui laisser croire que Marthe lui tenait rigueur de cette pénible séparation. Sans doute, venait-elle en cachette et au prix de difficultés sans nombre.

Ainsi pouvais-je annoncer à Marthe que le cœur de Svéa lui demeurait intact. Et je terminais en exprimant le réconfort d’avoir pu parler de Marthe,