Page:Radiguet - Le Diable au corps, Grasset, 1923.djvu/179

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que je délaissai la petite Suédoise, mais parce que j’avais tiré d’elle tout le sucre.


Quelques jours après, je reçus une lettre de Marthe. Elle en contenait une de son propriétaire, lui disant que sa maison n’était pas une maison de rendez-vous, quel usage je faisais de la clef de son appartement, où j’avais emmené une femme. J’ai une preuve de ta traîtrise, ajoutait Marthe. Elle ne me reverrait jamais. Sans doute souffrirait-elle, mais elle préférait souffrir qu’être dupe.

Je savais ces menaces anodines, et qu’il suffirait d’un mensonge, ou même au besoin de la vérité, pour les anéantir. Mais il me vexait que dans une lettre de rupture, Marthe ne me parlât pas de suicide. Je l’accusai de froideur. Je trouvai sa lettre indigne d’une explication. Car moi, dans une situation analogue, sans penser au suicide, j’aurais cru, par con-