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lait de coutumes suédoises que je feignais de connaître : nuit de la Saint-Jean, confitures de myrtilles. Ensuite elle tira de son sac une photographie de sa sœur jumelle, envoyée de Suède la veille : à cheval, toute nue, avec sur la tête un chapeau haut de forme de leur grand-père. Je devins écarlate. Sa sœur lui ressemblait tellement que je la soupçonnais de rire de moi, et de montrer sa propre image. Je me mordais les lèvres, pour calmer leur envie d’embrasser cette espiègle naïve. Je dus avoir une expression bien bestiale car je la vis peureuse, cherchant des yeux le signal d’alarme.


Le lendemain elle arriva chez Marthe à quatre heures. Je lui dis que Marthe était à Paris mais rentrerait vite. J’ajoutai : « Elle m’a défendu de vous laisser partir avant son retour. » Je comptais ne lui avouer mon stratagème que trop tard.

Heureusement elle était gourmande.