Page:Radiguet - Le Diable au corps, Grasset, 1923.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.

heures du matin. Je restai à J… la nuit précédente. En y allant, je me promettais de ne pas fermer l’œil de la nuit. Je ferais une telle provision de caresses, que je n’aurais plus besoin de Marthe pour le reste de mes jours.

Un quart d’heure après m’être couché, je m’endormis.

En général, la présence de Marthe troublait mon sommeil. Pour la première fois, à côté d’elle, je dormis aussi bien que si j’eusse été seul.

À mon réveil, elle était déjà debout. Elle n’avait pas osé me réveiller. Il ne me restait plus qu’une demi-heure avant le train. J’enrageais d’avoir laissé perdre par le sommeil les dernières heures que nous avions à passer ensemble. Elle pleurait aussi de partir. Pourtant j’eusse voulu employer les dernières minutes à autre chose qu’à boire nos larmes.

Marthe me laissait sa clef, me deman-