Page:Radiguet - Le Diable au corps, Grasset, 1923.djvu/160

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de même qu’au début de notre liaison mon cœur lui donnait ce qu’il retirait aux autres.

Maintenant, posant ma bouche sur le ventre de Marthe, ce n’était plus elle que j’embrassais, c’était mon enfant. Hélas ! Marthe n’était plus ma maîtresse, mais une mère.

Je n’agissais plus jamais comme si nous étions seuls. Il y avait toujours un témoin près de nous, à qui nous devions rendre compte de nos actes. Je pardonnais mal ce brusque changement dont je rendais Marthe seule responsable, et pourtant je sentais que je lui aurais moins encore pardonné si elle m’avait menti. À certaines secondes je croyais que Marthe mentait pour faire durer un peu plus notre amour, mais que son fils n’était pas le mien.

Comme un malade qui recherche le calme, je ne savais de quel côté me tourner. Je sentais ne plus aimer la même Marthe et que mon fils ne serait