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n’avais pas choisis pour mon plaisir mais afin de déplaire à Jacques. Je m’en fatiguais, sans excuses. Je regrettais de n’avoir pas laissé Marthe les choisir seule. Sans doute m’eussent-ils d’abord déplu, mais quel charme, ensuite, de m’y habituer, par amour pour elle. J’étais jaloux que le bénéfice de cette habitude revînt à Jacques.

Marthe me regardait avec de grands yeux naïfs lorsque je lui disais amèrement : « J’espère que, quand nous vivrons ensemble, nous ne garderons pas ces meubles. » Elle respectait tout ce que je disais. Croyant que j’avais oublié que ces meubles venaient de moi, elle n’osait me le rappeler. Elle se lamentait intérieurement de ma mauvaise mémoire.