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que la commune comptait de gens comme il faut.

Les invités étaient en place. Mme Marin me savait chez Marthe, et avait dressé la table sous sa chambre. Elle piaffait. Elle eût voulu la canne du régisseur pour annoncer le spectacle. Grâce à l’indiscrétion du jeune homme, qui trahissait pour mystifier sa famille et par solidarité d’âge, nous gardâmes le silence. Je n’avais pas osé dire à Marthe le motif du pique-nique. Je pensais au visage décomposé de Mme Marin, les yeux sur les aiguilles de l’horloge, et à l’impatience de ses hôtes. Enfin, vers sept heures, les couples se retirèrent bredouilles, traitant tout bas les Marin d’imposteurs et le pauvre M. Marin, âgé de soixante-dix ans, d’arriviste. Ce futur conseiller vous promettait monts et merveilles, et n’attendait même pas d’être élu pour manquer à ses promesses. En ce qui concernait Mme Marin, ces dames vi-