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mer son raout en pique-nique. Toutes ces dames prêchaient l’économie et inventaient des recettes. Aussi leurs douceurs étaient-elles des gâteaux sans farine, des crèmes au lichen, etc. Chaque nouvelle arrivante disait à Mme Marin : « Oh ! ça ne paye pas de mine, mais je crois que ce sera bon tout de même. »

M. Marin, lui, profitait de ce raout pour préparer sa « rentrée politique ».

Or, la surprise, c’était Marthe et moi. La charitable indiscrétion d’un de mes camarades de chemin de fer, le fils d’un des notables, me l’apprit. Jugez de ma stupeur quand je sus que la distraction des Marin était de se tenir sous notre chambre vers la fin de l’après-midi et de surprendre nos caresses.

Sans doute y avaient-ils pris goût, et voulaient-ils publier leurs plaisirs. Bien entendu, les Marin, gens respectables, mettaient ce dévergondage sur le compte de la morale. Ils voulaient faire partager leur révolte par tout ce