Page:Radiguet - Le Diable au corps, Grasset, 1923.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mille excuses, à cause de ces conversations.


Les propriétaires avaient un fils de vingt-deux ans. Il vint en permission. Marthe l’invita à prendre le thé.

Le soir, nous entendîmes des éclats de voix : on lui défendait de revoir la locataire. Habitué à ce que mon père ne mît son veto à aucun de mes actes, rien ne m’étonna plus que l’obéissance du dadais.

Le lendemain, comme nous traversions le jardin, il bêchait. Sans doute était-ce un pensum. Un peu gêné, malgré tout, il détourna la tête pour ne pas avoir à dire bonjour.

Ces escarmouches peinaient Marthe ; assez intelligente et assez amoureuse pour se rendre compte que le bonheur ne réside pas dans la considération des voisins, elle était comme ces poètes qui savent que la vraie poésie est chose « maudite », mais qui, malgré