Page:Radiguet - Le Diable au corps, Grasset, 1923.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.



Une période heureuse succéda au drame. Hélas ! un sentiment de provisoire subsistait. Il tenait à mon âge et à ma nature veule. Je n’avais de volonté pour rien, ni pour fuir Marthe qui peut-être m’oublierait, et retournerait au devoir, ni pour pousser Jacques dans la mort. Notre union était donc à la merci de la paix, du retour définitif des troupes. Qu’il chasse sa femme, elle me resterait. Qu’il la garde, je me sentais incapable de la lui reprendre de force. Notre bonheur était un château de sable. Mais ici la marée n’étant pas à heure fixe, j’espérais qu’elle monterait le plus tard possible.