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répondre avec douceur. C’est moi qui dictais à sa femme les seules lettres tendres qu’il en ait jamais reçues. Elle les écrivait en se cabrant, en pleurant, mais je la menaçais de ne jamais revenir, si elle n’obéissait pas. Que Jacques me dût ses seules joies atténuait mes remords.

Je vis combien son désir de suicide était superficiel, à l’espoir qui débordait de ses lettres, en réponse aux nôtres.

J’admirais mon attitude, vis-à-vis du pauvre Jacques, alors que j’agissais par égoïsme et par crainte d’avoir un crime sur la conscience.