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que mon père apprenait la véritable cause de ma sagesse.

Je profitai de ces loisirs pour de nouveau me rendre à l’académie de dessin ; car depuis longtemps je dessinais mes nus d’après Marthe. Je ne sais pas si mon père le devinait ; du moins s’étonnait-il malicieusement, et d’une manière qui me faisait rougir, de la monotonie des modèles. Je retournai donc à la Grande-Chaumière, travaillai beaucoup, afin de réunir une provision d’études pour le reste de l’année, provision que je renouvellerais à la prochaine visite du mari.

Je revis aussi René, renvoyé de Henri IV. Il allait à Louis-le-Grand. Je l’y cherchais tous les soirs, après la Grande-Chaumière. Nous nous fréquentions en cachette, car depuis son renvoi de Henri IV, et surtout depuis Marthe, ses parents, qui naguère me considéraient comme un bon exemple, lui avaient défendu ma compagnie.