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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

arrachaient. Ils voyaient dans ces loques la possibilité de devenir ce qu’ils eussent voulu être. François les méprisa. Il ne désirait être rien d’autre que lui-même.

Mme d’Orgel, malgré les prières, s’effaçait. Elle tenait compagnie à Naroumof. Il avait connu ce salon sous le règne du feu comte. Il se répétait : « La guerre a rendu tout le monde fou ».

Au milieu de cette bacchanale improvisée, Anne d’Orgel perdait la tête. Son visage montrait la fièvre des enfants excités par le jeu. Il disparaissait, reparaissait, plus ou moins applaudi dans des transformations assez peu variées. Hester Wayne prenait des poses, se drapait, en nommant des statues célèbres. Comme personne ne riait, parce que ce n’était pas drôle, elle put croire qu’on l’admirait.

Nombre de maris, par un manège habile, fussent moins bien parvenus qu’Anne d’Orgel, par son manque d’à-

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