Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/237

Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE BAL DU COMTE D’ORGEL

l’ignorance, elle ne lui en voulait pas moins de sa gaîté : s’il l’aimait, était-il possible que son cœur n’eût pas été averti de la gravité de cet instant ? Elle en vint à douter de ce que lui avait dit Mme de Séryeuse. Mais aussitôt mille détails qu’elle repoussait jadis et auxquels son esprit n’opposait plus de résistance lui prouvèrent que son amour était partagé. Cependant, induite en erreur par l’exemple d’Anne, et attribuant à l’amour un air d’urbanité, elle reprochait à François son manque de pressentiment, alors que c’était elle qui en manquait, la gaîté de François venant de la révélation du cœur de Mahaut.

Mme d’Orgel apprenait la jalousie. Est-ce bien un sentiment légitime, le jour même où une femme décide de sacrifier son amour à l’honneur ?

— Comme vous devez les détester, ces bolchevistes ! dit Hester Wayne au prince Naroumof.

— 209 —