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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

sentait moins lourde. L’application qu’elle y avait mise lui avait un peu masqué le tragique des circonstances. Ce serait fou de dire qu’elle était calme, mais elle avait du contentement d’avoir agi. Elle ne se sentait plus dans l’état maladif des jours précédents. Peut-être ce soulagement venait-il plus de l’aveu de son amour que du reste. Enfin, quelqu’un partageait ce lourd secret ! Ce n’était pas sa honte qui se trouvait satisfaite, mais son amour. Sans doute, ne se sentait-elle pas atterrée de sa décision, parce que ce n’était pas encore une décision véritable.


Dans le train, Mme de Séryeuse relisait :

« Madame,

« La hâte avec laquelle je vous fais remettre cette lettre vous prépare déjà à ce que je viens vous dire. Pourtant, combien vous êtes loin de la vérité, comme il y a peu de jours, moi-même je

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