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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

portait la campagne car il s’apercevait qu’au moindre semblant de verdure sa femme s’épanouissait.

Dans ces rapports entre trois personnages on sentira que tout se déroule sur un mode élevé dont on a peu l’habitude. Le danger banal n’en était que plus grand, car eux moins que personne ne pouvaient le reconnaître, noblement travesti.

Que de fois, revenant de Saint-Cloud ou de ses environs, et traversant le Bois de Boulogne, Mme d’Orgel et François de Séryeuse, sans savoir que leurs pensées s’enlaçaient, croyaient chacun faire un long voyage avec l’autre et traverser ensemble des forêts profondes.

Souvent, à ces escapades, s’associait le prince persan que l’on appelait Mirza. Il s’ingéniait à distraire une petite nièce, une veuve de quinze ans, que son éducation européenne avait affranchie des coutumes orientales. Ce prince et cette jeune princesse étaient les seuls êtres

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