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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

un temps et retombe en la bonace.

Ce n’était pas sans malaise que Mahaut trouvait tant de charme à l’immixtion d’un tiers dans leur ménage ; ce malaise datait presque du premier contact. La visite chez Mme de Séryeuse avait rassuré Mahaut. Un trompe-l’œil prolongea ce malentendu ; elle se reposait maintenant sur ce cousinage sous le couvert duquel ses ancêtres avaient perpétré des mariages sans amour, sans inquiétude. François ne lui faisait plus peur. En un mot, sans qu’elle le soupçonnât, Mme d’Orgel éprouvait pour ce lointain cousin le sentiment de ses aïeules pour leur mari. Mais, en cette minute, elle aima son mari comme un amant.

Nous l’avons dit, Mahaut était de ces femmes qui ne sauraient faire de l’agitation leur pain quotidien. Peut-être même la principale raison de la vertu de ses aïeules résidait-elle dans leur crainte de l’amour qui ôte le calme.

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