parcourut tous ces bosquets, si long-temps, si souvent regrettés ; elle goûtoit avec une tendre avidité le plaisir d’errer sous les berceaux qu’un père chéri avoit plantés, et dont chaque arbre lui rappeloit ses discours, son maintien, son sourire.
Un de ses premiers soins fut de s’informer de Thérèse, la vieille servante de son père. On se souvient que M. Quesnel l’avoit congédiée sans lui donner aucun secours, quand il avoit loué la Vallée. Elle apprit que Thérèse vivoit dans une chaumière voisine ; elle s’y rendit, et fut bien aise, en approchant, d’en trouver la situation riante : c’étoit une pelouse ombragée de chênes touffus, et l’intérieur annonçoit autant d’aisance que de propreté. Elle trouva la vieille femme occupée de palissader une vigne ; et quand Thérèse eut reconnu sa jeune maîtresse, elle pensa mourir de joie.
— Ah ! ma chère demoiselle, s’écria-t-elle, je croyois ne vous plus revoir en ce monde, lorsque j’appris qu’on vous menoit en pays étranger. On m’a bien maltraitée pendant ce temps-là : pouvois-je m’attendre qu’à mon âge on me chasseroit de la maison de mon ancien maître ?
Emilie la plaignit, et l’assura qu’elle auroit soin de sa vieillesse ; elle exprima en-