Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de celui qu’elle avoit vu sur la terrasse : son imagination ne lui montra que Valancourt. Elle ne formoit aucune espèce de doute que celui qu’elle avoit vu ne fût celui sur lequel son jardinier avoit tiré. La description qu’Annette en avoit faite n’étoit pas celle d’un voleur ; il étoit peu probable qu’un voleur vînt tout seul pour attaquer une aussi grande maison.

Quand Emilie se crut assez forte pour écouter ce que diroit Jean, elle l’envoya chercher ; il ne put lui fournir aucun renseignement qui l’aidât à reconnoître la personne ; il n’en avoit aucun sur la blessure. Elle lui fit de vifs reproches d’avoir tiré à balle, et ordonna qu’on fît la recherche dans le voisinage pour découvrir la personne blessée ; elle renvoya le jardinier, et elle resta dans la même inquiétude. Toute la tendresse qu’elle avoit eue pour Valancourt se ranima dans son cœur avec le sentiment du danger qu’il avoit couru. Plus elle réfléchissoit, plus sa conviction prenoit de force ; c’étoit lui, c’étoit Valancourt qui étoit venu dans le jardin pour adoucir les chagrins d’une tendresse mal reconnue, en revoyant le théâtre de son bonheur passé.

— Mademoiselle, dit Annette à son re-