— L’avant-dernière nuit, mademoiselle, il y avoit un voleur dans le jardin.
— Un voleur ! dit Emilie avec vivacité, et d’un air de doute.
— Je suppose, mademoiselle, que c’étoit un voleur : autrement qui étoit-ce ?
— Où l’avez-vous donc vu, Annette ? répondit Emilie, en regardant autour d’elle, et retournant au château.
— Ce n’est pas moi qui l’ai vu, mademoiselle, c’est Jean le jardinier : il étoit minuit. Jean traversoit la cour pour regagner sa chambre ; que voit-il ? une figure qui se promenoit dans l’avenue, tout en face de la porte ; Jean devina ce que c’étoit, et alla chercher son fusil.
— Son fusil ! s’écria Emilie.
— Oui, mademoiselle, son fusil. Il revint dans la cour pour le mieux observer ; il le voit qui s’avance lentement dans l’avenue, qui s’appuie contre la porte, qui regarde long-temps dans le château ; et je garantis qu’il l’examinoit bien, et remarquoit la fenêtre par où il vouloit passer.
— Mais le fusil, dit Emilie, le fusil !
— Oui, mademoiselle, tout en son temps. Jean dit que le voleur ouvrit, et qu’il alloit pénétrer dans la cour ; il jugea à propos de lui demander ce qu’il y avoit à faire