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qui peut-être étoit Valancourt. L’irrésolution, l’embarras où elle étoit à cet égard, subjuguoient ses efforts ; elle désiroit secrètement de revoir Valancourt, sans qu’il la vît, et elle étoit prête à descendre. La prudence, la délicatesse, l’orgueil, la retinrent : elle décida qu’elle éviteroit de le rencontrer, et s’abstiendrait pendant quelques jours de se promener au jardin.

Quand, une semaine après, elle osa y revenir, elle se fit suivre par Annette, et borna sa promenade aux allées du bas : elle tressailloit au mouvement des feuilles, imaginant apercevoir quelqu’un ; au tournant de chaque allée elle regardoit avec crainte. Elle poursuivoit sa promenade en rêvant, et son agitation ne lui permettoit pas de s’entretenir avec Annette. Incapable de soutenir un aussi long silence, Annette enfin lui parla la première.

— Mademoiselle, dit-elle, pourquoi frissonnez-vous ainsi ? On diroit que vous savez l’aventure !

— Quelle aventure ? dit Emilie, d’une voix tremblante.

— L’avant-dernière nuit, vous savez, mademoiselle.

— Je ne sais rien, Annette, dit Emilie, avec un trouble plus visible.