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remarque, échappée si souvent à M. Saint-Aubert. — Ce jeune homme, disoit-il en parlant de Valancourt ; ce jeune homme n’a jamais été à Paris. — Cette observation l’avoit étonnée, quand son père la faisoit : maintenant elle l’entendoit trop bien, et elle s’écrioit tristement : — Ô Valancourt ! si un ami comme mon père eut été avec vous dans Paris, votre caractère si noble, si ingénu, n’auroit subi aucune altération. Le soleil avoit disparu ; Emilie sortit de sa rêverie, et continua sa promenade, respirant la fraîcheur du soir et le parfum des fleurs. Ses pas se dirigèrent d’eux-mêmes vers le pavillon qui terminoit la terrasse, et où, la nuit de son départ, elle avoit trouvé Valancourt sans s’y attendre. La porte étoit fermée ; elle hésitoit à l’ouvrir : le désir qu’elle éprouvoit de revoir encore un lieu où elle avoit été heureuse, surmonta l’extrême répugnance qu’elle sentoit à renouveler ses regrets. Elle entra : les ténèbres obscurcissoient la pièce ; mais à travers les jalousies ouvertes, autour desquelles s’entrelaçoient quelques branches de vigne, elle aperçut le paysage obscur, la Garonne qui réfléchissoit le crépuscule, et l’occident qui brilloit encore. Une chaise étoit placée auprès d’un des balcons, comme