Elle essuya ses pleurs, et continua de regarder le paysage qui les avoit excités. Elle s’aperçut qu’elle passoit à l’endroit même où, le matin de son départ, elle avoit pris congé de Valancourt. Ses larmes coulèrent de nouveau : elle le vit tel qu’il lui avoit paru, quand, appuyée sur la portière, elle lui avoit donné le dernier adieu ; elle le vit penché tristement contre les grands arbres, et se représenta ce regard de tendresse avec lequel il l’avoit si long-temps suivie. Ce souvenir étoit trop pénible pour son cœur ; elle retomba dans la voiture, et s’y tint enfoncée jusqu’aux portes de la maison, qui étoit devenue la sienne.
Le concierge ouvrit aussitôt ; le carrosse tourna dans la cour ; elle descendit, traversa rapidement le vestibule solitaire, et entra dans un grand salon boisé de chêne, où, au lieu de M. Quesnel, elle ne trouva qu’une lettre de lui. Il l’informoit qu’une affaire importante l’avoit forcé de quitter Toulouse deux jours auparavant. Emilie, après tout, n’eut aucune peine d’être privée de sa présence, puisqu’un aussi brusque départ annonçoit une indifférence aussi complète qu’auparavant. Cette lettre contenoit des détails sur tous les arrangemens qu’il avoit faits pour elle, et sur les affaires qui lui res-