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fixé. Mon âme est sans crainte. Je ne pleure plus.

— Repentons-nous plutôt, et prions, dit une autre religieuse. On nous invite à espérer que la prière et la pénitence peuvent opérer notre salut. Il y a de l’espoir, pour tous ceux qui se repentent.

— Pour tous ceux qui se repentent et se corrigent, observa sœur Françoise.

— Pour tous, excepté pour moi ! répliqua sœur Agnès d’un ton effrayant ; puis elle reprit brusquement : Ma tête brûle, je me crois malade ! Oh ! que ne puis-je effacer le passé de ma mémoire ! Ces figures qui s’élèvent comme des furies pour me tourmenter, je les vois quand je dors ; quand je m’éveille, elles sont devant mes yeux ! je les vois maintenant ! là ! à présent !

Elle resta dans une attitude d’horreur. Ses regards erroient lentement autour de la chambre, comme s’ils eussent suivi quelque chose. Une des religieuses prit doucement sa main pour la faire sortir du salon. Agnès se calma. Elle passa sa main sur ses yeux, fit un soupir, et dit : — Elles sont parties ! elles sont parties ! J’ai la fièvre, et je ne sais ce que je dis. Je suis quelquefois comme cela ; mais cela va se passer. Tout à l’heure je serai mieux. Les complies ne sonnent-elles pas ?