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Si ce murmure parvint au père de la marquise, si le défaut de preuves l’empêcha de poursuivre le marquis, c’est ce qu’on ne sauroit assurer. Un fait certain, c’est que sa famille la regretta sincèrement, et surtout M. Saint-Aubert son frère ; car tel étoit le degré d’alliance qui existait entre le père d’Emilie et la marquise : il soupçonna le genre de sa mort. Immédiatement après la mort de cette sœur bien-aimée, il écrivit au marquis et reçut de lui plusieurs lettres. Le sujet n’en fut pas connu ; mais sans doute elles avoient rapport à elle. Ces lettres, celles de la marquise, qui confioit à son frère la cause de son malheur, composoient les papiers que Saint-Aubert avoit ordonné de brûler. L’intérêt, le repos d’Emilie, lui avoient fait désirer qu’elle ignorât cette tragique histoire. L’affliction que lui avoit causée la mort prématurée d’une sœur chérie, l’avoit empêché de prononcer jamais son nom, excepté à madame Saint-Aubert. Craignant surtout la vive sensibilité d’Emilie, il lui avoit laissé ignorer totalement et l’histoire et le nom de la marquise, et la parenté qui existoit entr’elles. Il avoit exigé, le même silence de sa sœur, madame Chéron, et elle l’avoit rigoureusement observé.