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lancourt n’avoit subi l’ignominie des libéralités de la marquise de Champfort, comme le comte de Villefort l’avoit cru ; jamais il n’avoit participé aux ruses criminelles des joueurs. Ces rapports étoient de ceux qui se mêlent à la vérité, quand une fois on est malheureux. Le comte de Villefort les avoit reçus d’une autorité respectable, et l’imprudence de Valancourt avoit servi à les confirmer. Emilie n’avoit pu les détailler au chevalier, qui par conséquent n’avoit pu s’en justifier ; et quand il confessa qu’il ne méritoit plus de conserver son estime, il ne se doutoit pas qu’il appuyoit lui-même une infâme calomnie. L’erreur avoit été mutuelle, et rien n’avoit pu l’éclaircir. Quand M. de Bonnac eut expliqué la conduite d’un ami généreux, mais jeune et imprudent, M. Dupont, équitable et sévère, décida sur-le-champ qu’il falloit détromper le comte, et renoncer à Emilie. Un sacrifice tel que celui que faisoit alors son amour, méritoit une noble récompense ; et si M. de Bonnac avoit pu oublier le bienfaisant Valancourt, il auroit désiré qu’Emilie agréât Dupont.

Quand le comte eut reconnu son erreur, il fut très-affligé des suites de sa crédulité. Les détails que M. de Bonnac donna sur la