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la suite, lui avaient donné cette impression de tristesse qu’Emilie avoit remarquée. Il raconta en détail à M. Dupont toutes ses peines ; il avoit été plusieurs mois dans une des prisons de Paris, sans espoir, pour ainsi dire y de s’en tirer jamais, et se trouvant privé des consolations de son épouse, qui, dans une province éloignée, tâchoit d’émouvoir ses amis en sa faveur. Elle revint ; elle obtint d’entrer. Le changement effrayant où la captivité et le chagrin avoient mis son époux, lui causa une telle révolution, que sa vie fut en danger.

— Notre situation, continua M. de Bonnac, pénétra ceux qui en furent les témoins. Un généreux ami, alors mon compagnon de malheur, obtint bientôt sa liberté, et le premier usage qu’il en fit fut de travailler à la mienne. Il réussit : la somme énorme que je devois fut acquittée. Quand je voulus exprimer ma reconnoissance, mon bienfaiteur étoit loin de moi. J’ai lieu de penser que sa générosité aura causé sa perte, et qu’il sera retombé lui-même dans les fers dont il m’avoit tiré ; mais aucune recherche n’a pu m’instruire de son sort. Aimable et infortuné Valancourt !

— Valancourt ! s’écria Dupont ; de quelle famille ?