affreuse énergie. Dans une religieuse mourante trouver la signora Laurentini ! celle qui, au lieu d’avoir été victime de Montoni, sembloit elle-même coupable d’un crime abominable ! C’étoit un grand sujet de surprise et de méditation. Les ouvertures qu’elle avoit faites sur le mariage de la marquise, toutes ses questions sur la naissance d’Emilie, étoient propres aussi à inspirer à une jeune personne un vif intérêt, quoique celui-ci fût d’une autre nature.
L’histoire de la sœur Agnès, que la sœur Françoise avoit racontée, devenoit évidemment fausse ; mais à quel dessein l’avoit-on imaginée, à moins que ce ne fût pour mieux cacher la véritable ? C’est ce qu’Emilie ne devinoit pas. Ce qui surtout excitoit sa curiosité, étoit la relation que la marquise de Villeroy pouvoit avoir avec son père. L’émotion douloureuse qu’avoit témoignée Saint-Aubert en entendant prononcer son nom ; la demande qu’il avoit faite d’être enterré près d’elle, le portrait de cette dame trouvé parmi ses papiers, prouvoient qu’il y avoit eu quelque rapport entr’eux. Quelquefois Emilie pensoit que Saint-Aubert avoit été l’amant que préféroit la marquise, quand elle fut obligée d’épouser le marquis ; mais elle ne pouvoit