à Thérèse le droit de dire son avis ; cependant Emilie tâcha de l’arrêter, et quoiqu’elle sentît bien la justesse de ses remarques, elle ne voulut pas s’expliquer. Elle dit seulement à Thérèse qu’un plus long discours l’affligeroit ; qu’elle avoit pour régler sa conduite des motifs qu’elle ne pouvoit dire, et qu’il falloit rendre l’anneau, en représentant qu’on ne pouvoit l’accepter. Elle dit ensuite à Thérèse, que, si elle faisoit cas de son estime et de son amitié, jamais elle ne se chargeroit d’aucun message de Valancourt ; Thérèse en fut touchée, et renouvela un foible essai. Le mécontentement singulier qu’exprimèrent les traits d’Emilie l’empêcha pourtant de continuer, et elle partit surprise et désolée.
Pour soulager en quelque manière sa tristesse et son accablement, Emilie s’occupa des préparatifs de son voyage ; Annette, qui la secondoit, parloit du retour de son Ludovico avec la plus tendre effusion. Emilie réfléchit qu’elle pouvoit avancer leur bonheur, et décida que, si Ludovico était aussi constant que la simple et honnête Annette, elle lui feroit sa dot, et les établiroit dans une partie de ses domaines. Ces considérations la firent penser au patrimoine de son père, vendu jadis à M. Quesnel. Elle