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ce qu’il l’avoit chargée de dire. Emilie ne put cacher la douleur que ce récit lui causoit ; elle se mit à pleurer, et se plongea dans la rêverie.

— Hélas ! ma chère demoiselle, dit Thérèse, pourquoi tout ceci ? Je vous connois depuis votre enfance ; je vous aime comme ma fille, et je désire votre bonheur comme le mien. M. Valancourt, il est vrai, ne m’est pas connu depuis si long-temps ; mais j’ai bien des raisons pour l’aimer comme mon fils ! Je sais bien que vous vous aimez ! Pourquoi donc ces pleurs et ces plaintes ? Emilie fit signe à Thérèse de cesser ; mais Thérèse continua : — Vous vous ressemblez d’esprit, de caractère. Si vous étiez mariés, vous feriez le plus heureux couple ! Eh ! qui peut empêcher votre mariage ? Ah ! mon dieu, mon dieu, peut-on voir que des gens fuient leur bonheur, et pleurent et se lamentent, comme s’il ne dépendoit pas d’eux, et comme si les chagrins et les lamentations valoient mieux que le repos et la paix ! La science est sûrement une belle chose ; mais si elle ne rend pas plus sage, j’aime bien autant ne rien savoir : si elle nous enseignoit à être plus heureux, je dirois que la science est la sagesse.

L’âge et de longs services avoient acquis